mardi 22 octobre 2013

Baisers volés

Agressions sexuelles minimisées

Il y a quelques mois, un article publié à propos d'une des photos historiques les plus célèbres, montrant un soldat embrassant une jeune femme a New York a fait scandale. La jeune femme n'avait pas consenti à ce baiser, il s'agissait dons d'une agression sexuelle commise en pleine rue. Le terme avait paru exagéré.

La Toile s'agite en ce moment à propos d'une vidéo "humoristique" présentant un homme forçant des femmes à l'embrasser. Je ne publierai pas ici le lien vers la vidéo pour ne pas lui faire de publicité non méritée et je ne citerai même pas son nom. Vous retrouverez facilement ces données... Le site Madmoizelle rappelle à juste titre qu'embrasser quelqu'un de force constitue une agression sexuelle.

lundi 13 mai 2013

Réflexes


C'est une après-midi tranquille, un week-end, dans un centre commercial. Philippe et Agnès avancent lentement dans la cohue, les bras chargés de paquets. Ils sont fatigués, leurs pieds les font un peu souffrir. Agnès passe mentalement en revue ses achats : les chaussettes pour le petit, le cadeau d'anniversaire de tante Juliette, les deux nouvelles chemises de Philippe, le livre de soutien en maths pour la fille aînée... Il ne manque plus que la veste dont elle a besoin pour compléter sa tenue au mariage de Jean-Claude. La robe qu'elle a prévu de mettre est légère, et la météo prévoit du vent...
"Ah ! Voilà la boutique que je cherchais ! lance Agnès à Philippe en désignant une échoppe. Ici, c'est chic, mais c'est pas trop cher.
- Ca me va ! répond Philippe , ragaillardi à l'idée d'en finir avec la corvée de courses. Tu ne vas pas trop piller ma carte bleue, comme ça."

vendredi 3 mai 2013

Un conte à rendre : Cendrillon

Cendrine naquit dans une ferme cossue d'un petit village. Sa mère mourut des suites d'une chute dans l'escalier survenue alors que sa fille n'avait que cinq ans. Elle fut enterrée dans le cimetière derrière la maison ; sa fille pouvait voir sa tombe depuis sa fenêtre. Son père, ne pouvant s'occuper de sa fille et des vaches en même temps, se remaria rapidement avec une femme d'âge mûr à l'esprit pratique rencontrée par petites annonces. Cette seconde épouse venait de la ville et amenait deux filles, Javotte et Anastasie, dans ses bagages. Le père accueillit ces petites filles avec indifférence : peu lui importait qu'elles soient là ou non du moment qu'on ne les entendait pas. Et si on les voyait, qu'elles soient jolies et agréables !
Quelques années s'écoulèrent. Javotte et Anastasie ne se firent jamais à ce père de substitution qui n'avait jamais pris la peine de savoir quel était leur livre préféré mais qui les empêchait de courir dans la boue. Cendrine, elle, se pliait au joug paternel avec une piété filiale confinant à la sottise. Son père ne faisait attention à elle que quand elle était sage, douce, gentille, jolie ? Elle s'appliqua à cultiver ces qualités. Quant à sa belle-mère, elle s'enfermait peu à peu dans un silence teinté de haine pour cet homme colérique et exigeant.
Un jour, le fermier se rendit à pied à la capitale toute proche pour acheter des semences. Il acheta également des robes et des bijoux pour Anastasie et Javotte qu'il trouvait bien mal fagotées. Sur le chemin du retour, une branche de noisetier fit tomber son chapeau. Trouvant la branche solide et souple à la fois, il la cueillit et l'emmena, songeant que Cendrine s'en prendrait un coup s'il lui venait à l'idée de se plaindre de ne pas avoir eu de cadeau. La petite ne fit aucun caprice, mais s'empara de la branche qui lui rappelait sa mère : la défunte avait en effet l'habitude de brûler les branches de noisetier que le fermier ramenait de ses voyages. Cendrine planta la branche sur sa tombe, l'arrosa soigneusement, et en quelques années, un arbre majestueux poussa.

vendredi 8 mars 2013

Journée de l'infâme

J'enfonce des portes ouvertes pour mes lectrices et lecteurs habituels, mais il faut que ça sorte.
Aujourd'hui, c'est pas la journée de la femme, mais la journée internationale des droits des femmes, merde.

Ce n'est pas une journée où les entreprises sont censées faire des offres promotionnelles pour les femmes avec du glamour, des paillettes et des chatons qui pètent dedans, mais une journée de militantisme servant à dénoncer violences et inégalités ainsi qu'à lancer des actions pour les réduire.
Alors aujourd'hui, soit vous vous en foutez et je vous prierai aimablement de n'emmerder personne avec des vœux de bonne journée, des cadeaux gloussants ou des blagues qui n'amusent que vous, soit vous avez un chouïa de conscience et je vous encourage à potasser le sujet des droits des femmes.
C'est quand même pas les problèmes qui manquent, hein. Rien qu'en France, on compte 10% de femmes victimes de violences conjugales, 75.000 femmes violées par an, 37% d'inégalités salariales : c'est quand même pas la faute à pas de chance. C'est pas les actions de quelques pervers, c'est pas le résultat d'une nature qui aurait fait les hommes foncièrement dominateurs et les femmes foncièrement vulnérables.

mercredi 20 février 2013

Un conte à rendre : Blanche-Neige

Il était une fois une reine qui se faisait chier grave.
On ne peut pas dire que le roi faisait attention à elle, ni que ses activités, limitées à la broderie, à la supervision de la préparation des repas et à la participation à des soirées caritatives où on lui demandait de sourire et de se taire malgré la torture que lui infligeaient ses chaussures, ne l'enthousiasmait vraiment. Alors la reine piquait discrètement des bouteilles de gin dans la cuisine pour oublier les nuits passées au côté de son rustre de mari et les jours à s'emmerder.
Un jour d'hiver, la reine brodait auprès d'une fenêtre ouverte, en espérant choper une bonne grippe qui lui permettrait d'avoir une excuse pour rester seule au pieu. Elle avait également un bon coup dans le nez : elle finit par se piquer le doigt. Quelques gouttes de sang rouge tombèrent par la fenêtre encadrée d'ébène sur la neige blanche. Dans son ivresse prononcée, la reine s'esclaffa que c'était trop cool, toutes ces couleurs, et souhaita avoir un enfant dont la peau serait blanche comme la neige, les lèvres rouges comme le sang, et les cheveux noirs comme l'ébène. Ses suivantes, qui se foutaient bien de sa gueule et se réjouissaient à l'avance de raconter cette anecdote à la presse, lui dirent que l'idée était très classe.
Quelques mois plus tard, la reine mit au monde une fille dans l'indifférence générale. Le roi aurait souhaité un héritier et, apprenant la naissance de Gudule, se détourna de son épouse. Serviteurs et soigneurs imitèrent leur Seigneur et la reine mourut quelques jours après l'accouchement d'une infection mal soignée.