samedi 22 janvier 2011

Comment fabriquer une femme ? - Manuel à l'usage des mères - 1. La petite enfance

Voici la première partie du Manuel à l'usage des mères dont j'avais donné une introduction il y a quelques semaines. J'ai finalement modifié la structure générale du manuel et répercuté cette modification dans l'introduction.


A. Les repères à donner
Au cours de la petite enfance, votre fille apprendra à adopter grossièrement les traits de caractères qui sont recherchés chez une femme.
Ces traits lui permettront de séduire durablement les hommes, pas seulement son futur compagnon, mais aussi son entourage qui attend d'elle qu'elle soit agréable à regarder et à côtoyer. Séduire doit devenir un réflexe pour elle.
Il conviendra également de lui inculquer les qualités qui feront d'elle une bonne mère et une bonne maîtresse de maison, de manière à ce que les activités domestiques deviennent pour elle une priorité et qu'elle s'y livre par réflexe. La petite enfance est la période au cours de laquelle elle apprendra, sinon les méthodes, l'importance que prendront les tâches domestiques dans sa vie.
Les hommes produisent activement, les femmes reproduisent passivement. Votre fille doit apprendre à être passive, patiente et sage. Elle doit apprendre à se sacrifier devant les impératifs masculins. Elle doit découvrir l'importance de l'apparence, de la beauté, pour une femme.

B. Les outils
Les enfants en bas âge n'adoptent pas un comportement correspondant à leur genre spontanément. Sans encouragements et interdictions de la part de leurs parents et éducateurs, les filles ne répugnent pas à jouer avec des voitures ni les garçons avec des accessoires de cuisine. Il s'agit donc de les aiguiller : manifestez votre enthousiasme lorsque votre fille joue avec sa poupée et votre indifférence, voire votre réprobation, lorsqu'elle prend un jouet de garçon. Imposez-lui d'être sage avec fermeté, plus qu'avec un garçon dont on attend qu'il soit turbulent. N'hésitez pas à affirmer devant elle que les filles sont toutes sages, bavardes, minutieuses... Votre parole est vérité pour elle et elle étouffera volontairement tout comportement l'empêchant d'entrer dans le cadre que vous lui avez fixé.

Les poupées de type poupon ont une importance cruciale dans l'apprentissage de son rôle de mère comme des valeurs de douceur et de tendresse. Demandez-lui régulièrement où est "son bébé" (l'appeler "bébé" plutôt que "poupon" le personnifiera), enjoignez-lui de s'en occuper, de le câliner. Si elle refuse, n'insistez pas mais n'oubliez pas de dire que c'est dommage, lancez un "pauvre bébé !" pour la culpabiliser. Elle doit apprendre à considérer que les enfants sont sa responsabilité.
D'autres poupées représentant des petites filles sont également disponibles. Il faut qu'elle puisse s'identifier à ces poupées, pour qu'elle acquière l'attitude passive qu'on attend d'elle. Ces poupées, mignonnes et charmantes, lui prouveront l'importance de l'esthétisme, en particulier de la tenue. De plus, la manipulation de telles poupées avec les accessoires fournis lui donneront l'habitude de manipulations patientes et minutieuses, chose indispensable aux soins de la maison et des nourrissons. Elle prendra goût aux travaux manuels plutôt qu'aux activités viriles requérant de la force et de l'énergie.

Le choix des jouets n'est pas suffisant : il faut lui créer un univers dans lequel elle évoluera tout au long de son enfance et qu'elle recherchera toute sa vie. La décoration de sa chambre est une étape cruciale dans son éducation. L'utilisation outrancière de la couleur rose, déclinée dans tous les tons possibles, réduiront son imaginaire à cet univers féminin et garantiront qu'elle restera confinée dans son monde de fille. Des objets évoquant la nature sont à privilégier pour décorer sa chambre. Elle doit s'identifier à la nature dans ce qu'elle a de patient et de soumis à l'homme, de sécurisant, généreux et protecteur.
Vous imposerez fées et princesses dans son univers. Les princesses représentent un idéal de séduction, belles et élégantes, passives mais déterminées à atteindre leur but (le prince charmant), connaissant bien leurs priorités, prêtes à se sacrifier par amour. Le prince charmant est également l'idéal de l'homme recherché : il est fort (donc à même de protéger sa famille) et riche (il pourra l'entretenir ainsi que sa famille durablement). Les fées, quant à elles, lui donneront le goût du magique, du merveilleux, et de la fantaisie. La fantaisie fera d'elle une personne agréable, le magique la protègera contre le goût de la science et de la réflexion qui risquent de remettre en cause ce que vous lui inculquez.

C. Le doute et la séduction
Si les femmes admirent les hommes pour leurs qualités viriles qui leurs sont inaccessibles, les hommes n'admirent pas les femmes qui, bien qu'utiles pour maintenir l'équilibre du foyer, ne produisent guère d'avancées dont bénéficierait la société dans son ensemble. Ainsi, l'intérêt que vous portez aux activités de votre fille ne peut être partagé par votre mari.
Votre fille s'en rendra compte d'elle-même assez rapidement. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez l'amener à cette conclusion en lui enjoignant de ne pas déranger son père avec ses activités de filles. Légitimement agacé par ses mièvreries, son père ne fera attention à elle que si elle remplit parfaitement le rôle qu'il attend d'elle, si elle est sage et jolie. Ce manque d'intérêt général et ce mépris larvé pour sa féminité feront naître une saine angoisse dans le cœur de la petite fille. C'est cette angoisse qui la poussera à exceller dans ses qualités féminines pour obtenir le reconnaissance paternelle à laquelle elle aspire. Elle s'efforcera d'être belle, douce, sage et gentille pour obtenir l'attention qui lui manque.
C'est donc cette angoisse, née dans sa petite enfance, qui fera d'elle la séductrice adulte qui attirera un bon mari. Attention néanmoins à ce qu'elle ne devienne pas névrose, ou que l'enfant ne devienne pas une enquiquineuse ! Dans ce cas son mari risque de ne pas rester auprès d'elle.


A suivre...

6 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je passais par là. En effet, pour se défaire de tout cela, que cela soit garçon ou fille, il faut déjà commencer par l'écrire, ne croyez vous pas? C'est par l'éducation que nous pouvons changer ces représentations qui nous conditionnent... .

    Avez vous pensé au rôle des mères sur "le petit garçon" qui plus tard rencontrera "normalement" une femme?

    Sinon, si vous ne l'avez déjà lu, je vous recommande:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Du_c%C3%B4t%C3%A9_des_petites_filles

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  2. C'est vrai ce que tu dis à propos des pères qui daignent rarement (voire jamais)jouer avec leurs petites filles. Ils les tolèrent, c'est déjà ça vu la déception endurée lors de l'annonce du sexe de leur progéniture !!! C'est malheureusement une réalité que nous pouvons toutes constater autour de nous. Non désirées par nos pères (et parfois de nos mères) en raison de notre sexe, je crois que c'est le lot de toutes, qu'on le regarde en face ou pas.

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  3. Bonjour Julien !
    Ecrire, oui, mais encore faut-il être lus... L'idée du conditionnement des enfants, en particulier les petites filles, n'est pas neuve mais elle a été peu diffusée dans le grand public et on continue à voir des jouets sexistes dans les rayons des magasins.
    Je n'espère pas que ces textes changeront grand-chose, mais peut-être pourront-ils convaincre une ou deux personnes. En attendant je m'amuse bien à les écrire.

    J'ai un petit garçon de 3 ans à la maison et j'attends son petit frère. J'ai donc eu plusieurs fois l'occasion de voir qu'on les conditionne aussi... Allez savoir pourquoi, je me sentais moins inspirée dans ce sens-là. Peut-être parce que je ne l'ai pas subi.

    N'en déplaise à ses détracteurs, on trouve souvent de belles choses sur Wikipedia... Merci pour l'info, effectivement je ne connaissais pas ce livre.

    Repassez quand vous voulez !

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  4. Bonjour Héloïse !
    J'ai connu pas mal de pères qui désiraient une fille "parce que c'est plus mignon", "parce que c'est sage" (note le "c'est" qui veut tout dire), et "parce qu'elles adorent leur papa". Les filles ne sont pas désirées pour elles-mêmes mais pour les qualités d'agrément qu'elles apportent. C'est moins salissant qu'un bichon et ça paye la retraite.
    Par contre, quand on écoute les pères entre eux, on les entend se plaindre en levant les yeux au ciel qu'elles sont chiantes, qu'elles causent tout le temps... On veut bien des poupées à la maison, mais c'est pas l'idéal quand même !

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  5. Bonjour Kalista,
    Pour "bien éduquer" une fille, c'est chouette aussi de les faire s'occuper avec un jouet, un flacon... pendant qu'on les change. Au moins, ça les habitue à se laisser faire, à se dire que ce n'est pas leur problème, que cela ne les concerne pas vraiment, ce qui se passe dans leur culotte...

    Nurja

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    1. Ah oui, bien vu Nurja !
      Et puis ça les habitue à s'intéresser aux choses vraiment importantes pour elles : les produits de beauté... ;-)

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