lundi 27 avril 2009

Milk


Amis militants des mêmes droits pour tous, ne ratez pas Milk, de Gus Van Sant. C'est un vrai beau film comme on en voit peu, servi par d'excellents acteurs, et basé sur l'histoire d'un homme d'exception - trop peu connu en France.
J'ai tenu à le voir à la fois pour apprécier la performance oscarisée de Sean Penn (il a battu Rourke qui avait déjà fait un excellent travail, il fallait que je voie ça) et pour découvrir l'histoire d'Harvey Milk, militant pour les droits des homosexuels, martyr de la cause. J'en suis ressortie bouleversée (sacré Gus ! il me fera chialer à chaque film, celui-là...).


Le film débute sur la nouvelle de l'assassinat de Milk. Pas de suspense donc, on connait déjà la fin. Ce pauvre Harvey a du être la cible d'un sniper homophobe déséquilibré. A moins que...
Le film se poursuit, jouant avec le temps, sur une scène dans la cuisine d'Harvey Milk. Il est seul et enregitre dans un magnétophone (antédiluvien, ce qui ajoute à l'ambiance) ses mémoires. La voix est triste, lasse, désabusée.
L'histoire d'Harvey Milk débute le jour de son quarantième anniversaire, avec sa rencontre avec Scott (l'adorable James Franco) dans le métro newyorkais. Gus Van Sant filme avec tendresse et grâce le coup de foudre des deux hommes qui décident de quitter la grande pomme où les homosexuels sont persécutés pour le Castro, un quartier de 6 pâtés de maisons à San Francisco. Les deux tourtereaux ouvrent un magasin de photographie qui devient rapidement le point de rencontre des militants pour les droits des gays.
Car ces droits sont menacés, dans le sweet land of freedom. Sous l'impulsion d'Anita Bryant, une ancienne chanteuse de pubs pour jus d'orange lobotomisée par les églises chrétiennes, les comtés américains abrogent un à un les loi garantissant l'égalité des droits entre homos et hétéros. Harvey Milk décide donc de se présenter au poste de superviseur à la mairie de San Francisco. Il deviendra le premier homosexuel élu dans une administration américaine.

La réalisation de Gus Van Sant est égale à elle-même, relatant froidement les faits jusqu'au climax plein de poésie et d'émotion. La marche du tueur dans la lumière crue fait penser à l'avancée des tueurs de Colombine dans Elephant. L'inéluctable dénouement approche, prévisible menaçant, implacable comme un rouleau compresseur piloté par un aveugle.
L'interprétation de Sean Penn est bluffante. Son Harvey est attachant, beau dans sa révolte, émouvant dans ses amours. Sensible, paternel, tendre, il se bat pour les siens plus que pour lui-même, encaisse les coups avec humour, combat la haine avec le sourire. Un Oscar, rien de moins.

A gauche, le vrai Harvey Milk, à droite, le vrai Sean Penn

Il ne faut pas oublier les seconds rôles. Outre James Franco pris à contre-emploi (on est loin du méchant fils-à-papa de Spiderman), campant le charmant compagnon de Milk avec sensibilité et délicatesse, toute la bande de militants entourant le politicien sonne juste. Le jeune Cleve Jones, joué par Emile Hirsch est particulièrement remarquable, ainsi qu'Anne Kronenberg, la directrice de campagne lesbienne interprétée par Alison Pill (d'ailleurs, vous avez remarqué comme, quand on parle d'homosexualité, on excepte les lesbiennes ? il y a matière à gueuler, là-dessus).

Le film se termine par une célèbre citation d'Harvey Milk, si émouvante, qui est inscrite place Harvey Milk à San Francisco :


Littéralement (désolée de ne pas l'enjoliver, j'ai peur de perdre le sens) : Si une balle devait entrer dans mon cerveau, qu'elle détruise toutes les portes de placard. Car ce qu'Harvey Milk pensait, et qui parait si évident quand on le dit, c'est que si tous les homosexuels sortaient du placard, les autres seraient forcés de reconnaitre qu'ils ne sont pas différents, et encore moins monstrueux.
Milk ne s'est pas battu que contre les homophobes, il a du se battre aussi contre les homosexuels qui refusaient de se montrer, soit par fatalisme (comme Cleve Jones au début du film), soit par peur de bousculer l'opinion publique qui, craignaient-on, le ferait payer aussitôt. Pour changer le monde, il faut commencer par se changer soi-même, il faut accepter de se battre et de prendre le risque de souffrir.
J'ai été surprise par cette citation, à vrai dire. Qu'un homme ou une femme passe ses nuits en compagnie d'un sexe, de l'autre, voire des deux, ça ne regarde personne. Le savoir n'a rien d'important, ni d'intéressant, à moins d'être voyeur. Il serait nécessaire d'en parler si quelqu'un en souffrait, mais il n'est question que de plaisir et d'amour. Je déteste qu'on parle de sortir du placard car c'est un effort qu'on ne devrait imposer à personne. Un monde idéal serait celui où on ne se poserait pas la question de savoir comment et qui on aime. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Il faut, hélas, que les homosexuels, les bisexuels, les transgenres, et tous ceux que les sans-cervelle culottés considèrent comme dégénérés se montrent, pour prouver (et c'est si moche qu'on aie besoin de le prouver !) qu'ils sont juste humains.

Regardez-le, ce Milk. Il avait l'air si sympathique. Si humain avec son sourire et ses pattes d'oie.

Harvey Milk, encourageant les gays à s'inscrire sur les listes électorales.

samedi 25 avril 2009

Oh, La Barbe !

Une militante accroche une barbe postiche à une statue place de la République, à Paris.

J'ai un gros, gros, gros coup de coeur pour l'association La Barbe, un groupe d'action féministe relativement récent. Cette association dénonce l'absence de femmes dans les milieux influents.
A chaque apparition de La Barbe, les militantes apparaissent affublées d'une barbe postiche pour interpeler le public. On dit souvent que les féministes ne s'épilent pas les jambes, celles-ci affichent fièrement leur pilosité ! Leur discours est une caricature de discours patriarcal, rappelant que les femmes n'ont rien à voir dans les sphères du pouvoir et que leur place est à la maison, félicitant les instances visées pour leur défense de l'ordre établi. On sourit en entendant de telles énormités, avant de réaliser que c'est hélas, représentatif de la façon de pense, consciente ou non, de pas mal de personnes.
Plusieurs actions ont récemment été relayée (anecdotiquement, mais bon, c'est toujours ça de gagné) par les médias. Une action contre l'Oréal a eu lieu lors d'une assemblée générale du groupe, au Carrousel du Louvre. Les femmes à barbe ont distribué des tracts aux passants et interpelé les dirigeants, rappelant que seuls des hommes pouvaient protéger ce que La Femme avait de plus précieux : sa beauté...




Autre action plus récente, une intervention devant Christine Albanel, dénonçant la phallocratie triomphante dans les milieux artistiques, lors du vernissage d'une exposition au Grand Palais :



J'aime beaucoup ce mode d'action. Les gens n'aiment pas remettre en cause leurs certitudes, et la pédagogie est inefficace contre ceux qui refusent de réfléchir. Bousculer le public n'a pour résultat que de le braquer. En revanche, l'incongruité des actions de La Barbe fait sourire, et rend leurs idées sympathiques. C'est peut-être la meilleure manière de faire avancer les choses en France.
J'espère voir le mouvement de pérenniser, et l'épidémie de barbe, souhaitée par le manifeste de La Barbe, se propager ! Je trouve la dernière phrase de ce manifeste tellement bien sentie...

"Quand les femmes auront du pouvoir, on verra bien ce qu’elles en feront.

En attendant, qu’elles le prennent."

mercredi 22 avril 2009

La Game Boy a 20 ans



En ces temps troublés de crise économique, songer à un succès commercial est, ma foi, bien agréable. Dans cette atmosphère morose, le nostalgie nous guette, et plutôt que de parler des choses sérieuses, je prefère revenir sur des souvenirs d'enfance...
La Game Boy de Nintendo fête aujourd'hui ses 20 ans. Je me rappelle comme, à sa sortie, tous mes copains de rêvaient que d'en recevoir une pour Noël... Ca ne nous rajeunit pas. J'en ai d'ailleurs reçu une, et je l'ai toujours, elle fonctionne encore. C'est increvable, ces vieux machins.
La Game Boy a connu de nombreuses évolutions (la Game Boy Color, la Game Boy Advance...) elle a changé de couleur (j'ai toujours adoré la version transparente, qui dévoile sans pudeur les puces de la machine) et d'apparence. Un adaptateur pour la Super NES a aussi existé. Mais tout ça, c'est de l'esbroufe. Ce qui reste en mémoire, c'est surtout les inoubliables jeux qui ont scotché toute une génération sur ce minuscule écran en noir et blanc habillé d'une lourde et encombrante coque grise.

Qui n'a jamais joué à Tetris ? Ce jeu, d'une simplicité bluffante était addictif au possible.
J'ai trouvé une petite vidéo d'un pro du Tetris (attention, c'est énervant) :


Autres hits incontournables, et c'est bien normal pour une console Nintendo : Super Mario Land 1 et 2. Je me souviens de heures de prise de tête et de frustration passées sur le premier opus, (j'y étais presque... mais je n'ai jamais réussi à abattre le boss) et de ma joie en finissant le second - un peu facile mais très amusant.

Super Mario Land 1

Deux jeux m'ont particulièrement marquée par leur difficulté : Paperboy et Batman. Dans les deux cas, je n'ai pas passé le second niveau (je sais, je ne suis pas douée). Pourtant, c'était des jeux sympas...

Batman (le joueur est d'ailleurs en train de louper deux bonus, en bas)

Paperboy n'était pas très moral, faisant gagner des points au joueur qui pétait des fenêtre ou renversait des pierres tombales, et par là même il était extrêmement jouissif.

Paperboy

Au contraire, je me rappelle avoir terminé avec fierté Duck Tales, ce qui m'a appris à ne jamais acheter un jeu destiné aux plus de 10 ans. Cinq mondes à visiter (les mines africaines, la transylvanie, l'Himalaya, l'Amazonie et la Lune) pour découvrir cinq trésors, et vaincre Miss Tick qui cherche à les voler. On retrouvait tout le petit monde de la Bande à Picsou qui était grave à la mode à ce moment-là.

Duck Tales

Il y avait aussi Castlevania, Kirby, Bubble Bobble, Dynablaster, Adventure Island, Gargoyle's quest, Megaman, Kick Off, Lemmings, (j'en oublie sans doute !), et bien sûr les incontournables Pokémon qui, bien qu'arrivés beaucoup plus tard, ont contribué à l'histoire de la petite console.

Voilà de bien beaux souvenirs... C'était le début de la popularisation des jeux vidéos (avec aussi la NES, la Super NES et la Mega Drive), et je suis contente d'avoir connu cette époque (si, si, je suis contente d'être pas trop jeune !). Les jeux vidéo font désormais partie intégrante de nos habitudes, et certains jeux s'intègrent à notre culture comme certains films à succès. La manipulation de jeux par les enfants les famililarise avec l'informatique et l'électronique, il paraîtrait même que ça suscite des vocations de carrière.
Quelques points, cependant, me chagrinent.
Le marketing des jeux vidéos, en premier lieu, est sexiste : il contribue à la lobotomisation des enfants en les confinant dans des rôles (baston et courses pour les garçons, chouchoutage d'animaux virtuels pour les filles) qui pèseront sur leurs choix ultérieurs, la façon dont ils se voient et dont ils voient le sexe opposé. C'est un phénomène assez général dans l'éducation, les livres et jouets classiques sont également dans ce cas, bien que les catalogues de jouet, pour se donner bonne conscience sans doute, font l'effort de placer une photo de garçon au milieu des dînettes et aspirateurs. La spécificité de ce problème, dans le cas des jeux vidéos, est que la grande majorité des jeux étant destinés aux garçons, les filles se persuadent que l'informatique et l'électronique ne sont pas pour elles et désertent les filières de formation concernées. Et après, j'entends les programmeurs se plaindre du manque de femmes parmi eux ! Comme on fait son lit, on se couche...
Le manque de surveillance de certains parents me choque également. Le temps passé par les enfants - et leurs parents quelquefois ! - devant les consoles serait mieux employé avec un livre ou un ballon, mais c'est tellement plus facile pour un parents feignant de laisser le môme devant sa console que de l'emmener au parc... C'est vrai, aussi, que certains jeux sont violents et que certains parents idiots ne font pas attention à ce que leurs (quelquefois très jeunes) enfants insèrent dans la console. Je n'irais pas accuser les jeux violents de tous les maux (faut pas exagérer non plus), mais chez des petits plus fragiles que d'autres, ça peut avoir des conséquences.