jeudi 22 janvier 2009

Sumo, le bichon dépressif

Ca y est, Bush est parti, ses gaffes font désormais partie de l'histoire. Obama a pris sa place dans une atmosphère chargée d'émotion, et a déjà commencé le boulot.
Ce qu'il y avait de bien, avec Bush, c'est qu'on avait moins honte de nos gaffeurs hexagonaux. Maintenant, on a l'air fins avec notre Ségolène nationale qui ose dire qu'elle a inspiré Obama avant de tenter pathétiquement de se raccrocher aux branches en prétendant avoir voulu faire de l'humour. C'est tellement navrant qu'on ne peut même pas se moquer.
Mais Ségo a encore du chemin à faire, avant d'atteindre la cheville du meilleur de tous : Jacques Chirac.


Son air débonnaire de bon vivant attaché à la terre fait tout passer. Vulgaire ("Ca m'en touche une sans faire bouger l'autre"), assumant son dégoût pour la culture classique ("Moi, vous savez, je n'aime que deux choses : la trompette de cavalerie et les romans policiers"), macho, ("Buvons à nos femmes, à nos chevaux, et à ceux qui les montent", "Pour moi, la femme idéale, c'est la femme corrézienne, celle de l'ancien temps, dure à la peine, qui sert les hommes à table, ne s'assied jamais avec eux et ne parle pas"), il arrive toujours à nous surprendre par l'incongruité de ses propos ("Bien sûr que je suis de gauche ! Je mange de la choucroute et je bois de la bière", "J'apprécie beaucoup plus le pain, le pâté, le saucisson, que les limitations de vitesse"). Les Guignols l'ont caricaturé avec brio, mais le personnage réel a toujours dépassé les imitations. Se balader à poil au fort de Brégançon, personne n'y avait pensé avant lui.
Pourquoi est-ce que je parle de lui aujourd'hui ? Pas seulement par association d'idées après avoir parlé de président retraité. Ce matin, j'ai lu que notre ami Jacques a été violemment mordu par Sumo, son bichon maltais. Le pauvre Sumo, manifestant depuis quelque temps un comportement agité, est sous anti-dépresseurs. On croirait un sketche, mais non, c'est bien la vérité, et Bernadette est toute chamboulée par cette histoire.
On ne méfie jamais assez d'un bichon... Surtout un bichon dépressif.


vendredi 16 janvier 2009

Bye bye Bush


Hier, Georges W. Bush a fait ses adieux télévisés à ses chers compatriotes. Ca y est, c'est fait, nous sommes enfin sortis de ces 8 années de bushisme. Je me revois, le jour de sa première élection, craignant que ses bêtises ne fichent un bazar pas possible sur la planète ; je me revois quatre ans plus tard, incrédule devant les résultats de sa seconde élection. Je me revois hilare devant les photos de lui avec des jumelles obturées, dévorant les sites web recensant les bushismes, dubitative devant ceux le comparant à un chimpanzé. Comme le fait remarquer Rosa Brooks dans le Los Angeles Times, Bush a été unanimement salué pour son incompétence et peut-être même qu'il va nous manquer : "Après W, de qui va-t-on se moquer ? [...] Bush parti, qui va-t-on détester ?"

Une petite phrase prononcée au cours de ce discours relevée par Le Monde qui résume bien sa pensée sonne comme un bushisme de plus, et prêterait à sourire si elle n'avait pas coûté la vie à tant d'innocents de par le monde : "Le Bien et le Mal sont présents en ce monde et entre les deux, il ne peut pas y avoir de compromis". Tout est dit. L'alliance du manichéisme et de l'intransigeance, typiques d'un religieux, appliquée à la gestion d'une armée, a fait ses preuves.


Pointant que Bush est "un des présidents les plus impopulaires des temps modernes", le New York Times rappelle que "Mr. Bush laisse derrière lui deux guerres inachevées, et une économie dans la tourmente", avant de citer une petite phrase qui de Bush : "Vous pouvez ne pas être d'accord avec quelques-unes des décisions difficiles que j'ai prises, mais j'espère que vous pourvez accepter de dire que j'étais prêt à prendre des décisions difficiles" (traduction maison). Elu pour le courage et l'obstination dont il paraissait capable en ces temps troublés, Bush sait que sa seule chance de ne pas rester dans les annales comme un abruti obstiné est de se présenter comme la force de la nature dont l'Amérique rêvait.
Le journal présente aussi quelques chiffres résumant l'état du pays avant et après Bush. La chute vertigineuse du nombre d'adultes masculins avec un emploi (pour les femmes, c'est stable à 50%, celles qui ne gardent pas les gosses, quoi) est évidente. Le nombre de personnes protégées par une assurance maladie a baissé (ça doit venir du nombre croissant de chômeurs, puisque les employeurs paient souvent l'assurance) tandis que le coût moyen d'un traitement a augmenté. Avoir quasiment doublé le nombre de garde-frontière n'a pas empêché l'augmentation du nombre de non-anglophones. Quelle ironie !
Même Fox News (cité ici par le Monde, je ne lis pas les articles issus de ce torchon) a du mal à trouver quelque chose de positif à dire à propos de son chouchou sortant : "Bush ne peut pas être évalué selon l'esprit actuel [...], il faut attendre 50 ans pour pouvoir réellement juger historiquement". Mouarf !
C'est vrai, dans 50 ans, on verra peut-être d'un autre oeil les gaffes de Bush et de son administration (résumées par le site Mother Jones). On en rigolera, on n'arrivera pas à y croire, mais ça ne nous fera peut-être moins mal au coeur. Peut-être qu'on ne le verra plus comme le président des deux guerres, le président de la crise économique, mais seulement comme le président qui a pris le plus de vacances depuis le début de son mandant (950 jours sur 8 ans !).

En fin de compte, c'est certainement Rosa Brooks qui a raison : "Mais nous devons beaucoup à Bush aussi. Finalement, c'est Bush qui nous a apporté Obama". Ce dernier a été élu car il promet le changement, et que, manifestement, il n'a rien à voir avec son prédécesseur. Il ne fait pas pleurer les mômes, en tout cas. Pour le reste, on verra...


jeudi 15 janvier 2009

Entropa

Ce matin, j'ai découvert dans ma revue de presse électronique quotidienne un article du Monde sur le scandale provoqué par Entropa, une sculpture exposée dans le grand hall du conseil européen à Bruxelles.


C'est pas très joli, c'est vrai, mais c'est pas fait pour, donc c'est pas grave.
Cette sculpture est constituée de représentations caricaturales des différents pays européens. Chaque pays, identifié par sa forme, se voit affublé d'un cliché. La France est barrée d'une banderole "Grève !" (hihi !), l'Italie n'est qu'un terrain de foot, l'Allemagne est barrée d'autoroutes que l'on devine gratuites (le Monde dit qu'elles sont placées en croix gammée, mais il a dû fumer la moquette), le Roumanie est le pays de Dracula, la Belgique une boîte de chocolats...
Certains pays, comme la Bulgarie que l'artiste, David Cerny a représentée comme recouverte de toilettes à la turque (beuh...), se sont plaints. Cerny s'est tout récemment dit prêt à retirer certaines parties de l'œuvre. Cette capitulation vient de ce que cette oeuvre n'est pas conçue pour blesser mais pour faire réfléchir ; elle se veut ironique, pas agressive. Ce dont on se moque, ce n'est pas du pays subissant le cliché, mais du quidam qui ne perçoit ses comparses européens qu'à travers eux.

Evidemment, j'adore ce genre d'oeuvre. J'apprécie toujours qu'on nous rappelle (je me mets dans le lot) à quel point on peut être réducteurs dans notre façon de percevoir les autres.
J'ai également été un peu effrayée de ne même pas comprendre certains stéréotypes. Dracula, le chocolat Belge, d'accord, je connais, mais vous saviez, vous, pour la Bulgarie et les toilettes à la turque (re-beuh...) ? Le problème n'est pas tant qu'on ne connaisse pas tout les stéréotypes mis en avant par l'oeuvre (l'Espagne entièrement bétonnée, je ne vois pas pourquoi, mais des clichés sur le pays, on en connait, olé !), mais que pour certains pays, on ne connaisse aucun cliché.
La plupart des pays européens, on ne les connait pas. Je doute même qu'une grande partie de la population française soit capable de citer les vingt-quelque chose pays qui composent l'Union. Ou de situer, ne serait-ce qu'approximativement, Talinn ou Ljubjana. Est-ce typiquement français ? Pourquoi n'avons-nous pas cette curiosité ? Est-ce la peur d'être englobés dans un tout qui ferait disparaître cette culture qui nous est chère ? Peut-être que si la télévision (surtout celle qui est maintenant sans publicité et donc sans argent) multipliait les émissions nous présentant nos concitoyens européens de manière ludique, nous les connaîtrions mieux et cesserions de nous méfier. La curiosité engendre la curiosité, mais rien ne donne naissance à cette saine cascade.
Qu'on soit pour ou qu'on soit contre, l'Europe est là. Faut avouer que c'est quand même un joli rêve... Alors puisqu'on ne pourra pas y couper, il vaut mieux la connaître pour contribuer à la construire, pour qu'elle ressemble à celle dont on rêve... Au moins un peu.