jeudi 21 février 2008

Egalité juridique et égalité réelle


S'il y a une chose que je déteste entendre c'est bien des phrases du genre "vous avez l'égalité maintenant, de quoi vous vous plaignez, les gonzesses ?". Ça me met hors de moi.

Il y a égalité et égalité. Nous avons l'égalité juridique, c'est indéniable. A part quelques exceptions notables comme la transmission - scandaleusement patriarcale - du nom de famille, les
lois nous donnent ce à quoi nous avons droit moralement. Mais cela, ce n'est que la théorie. Qu'en est-il en pratique ?
Un rapport vient de sortir prouvant qu'en France en 2008, dans le vie de tout les jours, les femmes sont encore durement pénalisées. Un article du Monde souligne le point le plus visible (et le plus incontestable), le choix du secteur d'activité et la différence de rémunération.
Pour quoi l'égalité juridique n'entraîne-t-elle pas automatiquement l'égalité réelle ? Parce que d'une part les lois ne sont pas appliquées et d'autre part parce que les victimes ne portent pas plainte ! Nous vivons dans un pays où les victimes n'ont pas connaissance de leurs droits (combien de femmes savent qu'elles n'ont pas à porter le nom de leur mari ?) et les coupables n'ont pas conscience de mal faire...


Ce qui me parait central dans ce rapport, c'est la place des femmes dans la famille. On a tendance à penser que ce qui se passe dans les familles est du ressort des individus et qu'il ne faut pas s'en occuper. Pourtant, c'est là que tout se joue.


Les femmes s'occupent de la plupart des tâches ménagères, des enfants et des vieux. En plus du boulot quand elles bossent. Vous me direz, c'est leurs affaires. Pourquoi s'en mêler ? Ben tout simplement parce que les conséquences de ce phénomène nous touchent (ou devraient nous toucher) tous.
Des mômes élevés seulement par leur mère auront forcément tendance à reproduire le schéma. Alors à la génération suivante, les femmes auront encore du mal à "conjuguer la vie familiale et la vie professionnelle" comme on dit.
Des recruteurs habitués à voir leur épouse trimer à la maison refuseront d'embaucher des femmes qui seront, selon eux, plus prises par leur vie de famille que par leur vie professionnelle. Et hop, le taux de chômage qui fait un bond...
Des hommes habitués à être entourés de femmes cantonnées à leurs travaux domestiques (faisables par un enfant de dix ans) n'auront pas une grande estime d'elles. Si, en plus, elles restent à la maison, elles feront partie des meubles. On peut cogner alors...
Des femmes ayant été élevées par leurs maman et l'admirant follement feront tout pour lui ressembler et seront détruites par leur échec inévitable. Dépression, anorexie...
Je pourrais continuer longtemps...

A mon sens, ne pouvoir imaginer les femmes que comme les gardiennes de la famille et du foyer est la source de tous nos problèmes de sexisme. Et c'est aussi ce qui nous empêche de nous en sortir car, puisque les femmes sont solidaires de leur famille, de leurs pères, de leurs époux, elles ne sont pas solidaires entre elles et ne peuvent s'allier pour protester efficacement. La solidarité féminine n'est qu'un mythe de plus ; nous sommes élevées pour être rivales car notre valeur étant proportionnelle à l'attention que nous recevons, nous ne pouvons vivre et travailler ensemble.

1 commentaire:

  1. Waaaah j t'aaaimeuh! Première page féministe qui ne parle pas de problèmes sexuels....^^'
    En tout cas merci

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